Ce pétrolier est bloqué au large des côtes françaises.
Un pétrolier sur lequel se trouve une trentaine de marins, est stationné entre Noirmoutier et Belle-Île-en-Mer depuis plus de deux mois.
La raison ? Il est sous sanctions européennes, a expliqué Libération ce mercredi 2 juillet 2025.
Il ne bouge plus depuis le 26 avril 2025. Un pétrolier de près de 300 mètres est stationné entre Noirmoutier, en Vendée, et Belle-Île-en-Mer, dans le Morbihan, depuis plus de deux mois, a révélé Libération ce mercredi 2 juillet 2025.
Le Maisha, le nom de ce tanker, transporte une trentaine de marins philippins qui y sont désormais coincés. Ce pétrolier est sous sanctions européennes depuis le 20 mai 2025. En effet, il fait désormais partie des 700 navires considérés par l’Europe comme appartenant à la flotte fantôme russe, des bateaux qui parviennent à acheminer du pétrole sous embargo. Blacklisté, le Maisha n’a donc plus le droit d’accéder à des ports européens. "Au départ, je pensais que le tanker faisait du tramping [transport maritime à la demande, NDLR]", a indiqué Geoffroy Lamade, inspecteur de l’ITF, la Fédération internationale des ouvriers du transport. La pratique est simple : les navires se postent à bonne distance des ports en attendant que le cours des matières premières – minerai, charbon, céréales ou pétrole – évolue. Alors ils sont contactés. "Avec la guerre au Moyen-Orient et le risque d’envolée des prix du brut, toutes les suppositions sont bonnes", a noté l’inspecteur de l’ITF avant de préciser que normalement, le navire attend quelques jours ou semaines et non deux mois comme le Maisha.
Pourquoi le navire s’est-il figé entre Noirmoutier et Belle-Île-en-Mer ? Le pétrolier devait se rendre à Skagen, dans le nord du Danemark, probablement pour effectuer un nouveau chargement de pétrole russe avant de rentrer en Inde. Une façon de contourner les sanctions européennes. "D’où sa position stratégique à la limite des eaux françaises, à peine quelques nœuds marins. […] Il s’est figé et n’ose sans doute plus entrer dans les eaux territoriales", a expliqué Paul Tourret, directeur de l’Institut supérieur d’économie maritime.
Quelle suite pour les marins bloqués ? Si Geoffroy Lamade a pu avoir au début des informations sur les marins philippins bloqués – il a œuvré pour que l’un d’entre eux puisse aller se faire soigner – depuis, c’est silence radio. "Certains sont partis depuis le 2 novembre, soit huit mois de navigation. A priori, ils n’ont pas été avitaillés depuis le 23 avril 2025. À bord, il reste du riz mais plus de légumes", a-t-il expliqué au quotidien, avant d’ajouter que l’ambiance y est "carcérale" et qu’aucun marin "n’accepte de témoigner" par peur de ne plus trouver d’employeur à son retour en Philippines. Alban Simon, le porte-parole du préfet maritime de l’Atlantique a, lui, indiqué que le Maisha est "sous surveillance renforcée", rappelant toutefois qu’il est "hors zone de compétence". Un ravitaillement et un renouvellement d’une partie de l’équipe devraient avoir lieu d’ici quelques jours via une compagnie privée. De quoi soulager les marins bloqués depuis plus de deux mois.
300 mètres de long et une trentaine de marins coincés à bord depuis 2 mois : ce pétrolier est bloqué au large des côtes françaises© Thanasis Papazacharias/Pixabay
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