Les chalutiers de la Manche risquent de perdre leurs zones de travail, mettant en danger l’économie et la culture maritime locales. Illustration LP/Esteban Pinel© Esteban
Pinel Les pêcheurs normands, et ceux particulièrement de la côte ouest de la Manche, tirent la sonnette d’alarme. Ils travaillent en effet beaucoup dans les eaux de Jersey, l’île anglo-normande qui fait face à Granville. Or les autorités de l’île viennent d’annoncer des mesures drastiques visant à limiter les zones de pêches concernées, pour créer des aires marines protégées et ainsi préserver leur environnement maritime. Jersey prévoit notamment d’interdire les chaluts et les dragues, à partir de septembre 2026, précisément là où vont pêcher les bateaux normands venus principalement de la Manche. En tout, près d’une trentaine de chalutiers sont directement concernés par cette annonce couperet. « On va tout perdre. Si l’État ne fait rien, on est tous morts », explique Batiste Guénon, le patron du chalutier « Cap Lihou ». 800 emplois concernés « C’est aussi simple que ça, renchérit Lucile Aumont, chargée de mission au comité régional des pêches. Certains pêcheurs réalisent une grande partie de leur pêche dans les zones dont ils risquent subitement d’être exclus. À terme, c’est toute la filière locale qui est menacée. Sans compter que la pêche à Granville, c’est aussi une culture : la criée, la vie du port, les restaurants, tout ça se retrouve soudain sérieusement menacé. » Avec à la clé pas moins de 800 emplois directs et induits…
Tous lancent donc un appel solennel à l’État et à l’Union européenne pour faire pression et maintenir la pêche artisanale durable dans la baie de Granville. « On est à bout de forces. On ne sait absolument pas ce qui nous attend demain.
C’est invivable », lâche, très éprouvée, Emmanuelle Marie, patronne du bateau « la Petite Laura ». Le Parisien © Esteban Pinel